des Légendes des peuples Amérindiens. |
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MYTHE : Définition du mythe selon le dictionnaire
Petit Robert
"Récit fabuleux, transmis par la tradition qui met en scène
des êtres incarnant, sous une forme symbolique, des forces de la
nature, des aspects de la condition humaine ".
LEGENDE : Définition de la légende
"Représentation de faits ou de personnages, souvent réels,
déformés ou amplifiés par l'imagination collective,
une longue tradition littéraire ou l'invention poétique "
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D'autres histoires qui se racontent... |
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Le mythe de la création du monde selon certains peuples... |
Pendant fort longtemps, les Hurons-Wendat ont vécu de l'autre
côté du ciel. Un jour, une jeune femme, nommée Aataensic,
creusait au pied d'un grand arbre à la recherche de racines pour
guérir son mari malade. Par inadvertance, la jeune femme, qui était
enceinte, perdit pied et tomba dans un trou du ciel. Deux Grandes Oies
sauvages aperçurent la jeune fille dans sa chute vertigineuse. Déployant
leurs ailes immenses, ils se précipitèrent vers la malheureuse
et la sauvèrent in extremis d'une noyade certaine en la juchant
sur leur dos.
Ne sachant que faire, les Grandes Oies s'adressèrent à
la Grande Tortue qui nageait dans cet océan des premiers âges.
Reconnue entre tous pour sa sagesse, la Grande Tortue décida sur
le champs de convoquer un conseil réunissant tous les animaux aquatiques
dans le but de trouver une solution. S'adressant à eux, elle demanda
aux animaux les plus valeureux de lui ramener quelques grains de terre
des profondeurs de l'océan. Parmi les nageurs aguerris, la Loutre,
le Rat Musqué et le Castor plongèrent tour à tour,
mais tous les trois revinrent bredouille, complètement épuisés
par l'effort, et rendirent l'âme aussitôt. La situation était
désespérée.
C'est alors que sous l'œil amusé de plusieurs, le vieux Crapaud
se porta volontaire et s'engouffra aussitôt vers les noirceurs de
l'abîme. Longtemps après, alors que tous le croyaient disparu
à jamais, le Crapaud refit surface avec quelques grains de terre
dans la gueule. Cette terre fut, avec grands soins, déposée
sur le dos de la Grande Tortue et, très rapidement, cette poignée
de terre devint une île verdoyante d'une très grande dimension.
La jeune fille s'établit sur cette île et donna naissance
à son enfant. Cette île fut nommée Wendake et elle
abrita désormais la nation huronne-wendat. Depuis ce temps, lorsque
la Grande Tortue bouge, la
Terre se met à trembler.
Puis Sotuknang alla dans l'univers choisi pour être le premier
monde, Tokpela. Il y créa Kokyangwuti, Mère-Araignée,
celle qui devait rester sur cette terre et être son aide. Il lui
dit :
" Ouvre tes yeux. Ceci est la terre que nous avons créée.
Elle a une forme matérielle, une direction, un temps,un commencement
et une fin, mais il n'y a pas de vie, pas d'agitation joyeuse. C'est pourquoi
nous t'avons accordé le pouvoir de nous aider à créer
cette vie. Tu as reçu la connaissance, la sagesse et l'amour pour
rendre heureux tous les êtres que tu engendres. Voilà la raison
de ta présence ici…
" Mère-Araignée prit alors de la terre, la mélangea
avec un peu de salive et modela deux êtres.Elle les recouvrit d'une
cape faite de la matière blanche qui est la substance même
de la sagesse créatrice, et au-dessus, chanta le Chant de la Création.
Elle mit alors à jour les deux êtres, des jumeaux.
A celui de droite, elle dit :
" Tu es Pöqanghoya et tu dois aider à maintenir l'ordre
dans ce monde lorsque la vie y sera établie.
Maintenant va autour du monde et impose ta main sur la terre
pour la solidifier, ceci est ton devoir…"
Puis au jumeau de gauche, Mère-Araignée déclara
:
" Tu es Palöngawhoya, tu dois aider à maintenir l'ordre
dans ce monde lorsque la vie y sera établie. Va dans le monde entier
répandre le son de manière à ce qu'il puisse partout
être entendu…"
Leur tache achevée, ils furent envoyés chacun à
un pôle afin de contrôler la rotation de la terre.
" Ainsi sont fixés vos devoirs pour les temps à
venir" leur dit Mère-Araignée.
TOKPELA, LE PREMIER MONDE
Auparavant, il n'y avait que le créateur,Taiowa. Le reste était
l'espace infini. Il n'y avait ni commencement, ni fin, ni temps, ni forme,
ni vie mais seulement un vide sans mesure dont le début et la fin,
le temps, la forme et la vie existaient dans la pensée de Taiowa
le Créateur…
Alors Lui, l'Infini, conçut le fini.
Il créa Sotuknang et lui dit : " Va et dispose les univers
en ordre de façon à ce qu'ils co-existent harmonieusement,
selon mon désir…
" Ainsi fit Sotuknang. Dans l'espace infini, il rapprocha tout ce qui
devait devenir solide et le disposa en neuf royaumes universels : un pour
Taiowa, un pour lui-même, et les sept autres pour la vie à
venir…
Il réunit ce qui devait être les eaux et les répartit
sur chacun des univers de manière à ce qu'ils soient moitié
solide et moitié liquide… Il recueillit tout ce qui devait constituer
les airs et l'ordonna en puissantes forces qu'il disposa en mouvements
soigneusement réglés autour de chaque univers… Alors, à
partir de la terre, elle créa les arbres, les buissons, les fleurs
et toutes sortes d'oiseaux et d'animaux. A chacun elle donna la vie et
un nom… Ils devaient se répandre aux quatre coins de la terre pour
y vivre...
Puis Mère-Araignée choisit quatre couleurs de terre,
jaune, rouge, blanche et noire. Elle y mélangea sa salive, les modela
et les couvrit de sa cape qui est faite de la substance blanche qui est
la Sagesse Créatrice elle-même. A nouveau elle chanta le Chant
de la Création. Elle mit à jourquatre êtres humains
faits à l'image de Sotuknang. Puis elle créa quatre autres
êtres humains à son image. Ce furent les Wuti, les partenaires
femelles
des quatre premiers hommes. Ces choses se firent au moment de la lumière
violette-sombre, Qoyangnuptu, première phase de l'aube de la Création…
Rapidement, ils se réveillèrent et commencèrent à
bouger. Leur front restait humide et le sommet de leur tête mou.
C'était le moment de la lumière jaune, Sikangnuqa, seconde
phase de l'aube de la Création. Alors le souffle de vie pénétra
l'homme. Peu après le soleil s'éleva au-dessus de l'horizon,
faisant disparaître l'humidité de leur front et durcissant
la partie molle de leur tète. C'était au moment de la lumière
rouge, Talawva, la troisième phase de l'aube de la Création.
Alors l'homme dans sa forme achevé regarda avec fierté son
Créateur. Sotuknang leur donna la parole, la sagesse et le pouvoir
de se reproduire et de se multiplier. Cette sagesse essentielle leur permettait
de comprendre que la terre était,
ainsi qu'eux-mêmes, une entité vivante. Elle était
leur mère, ils étaient fait de sa chair, ils vivaient à
son sein…Cette sagesse leur révélait aussi la dualité
de leur père, le Soleil, le dieu solaire de leur univers qui n'était
que la forme sous laquelle apparaissait Taiowa, leur Créateur…
Les Premiers Hommes comprenaient le mystère de leur parenté,
ils ignoraient la maladie. Ils se comprenaient très bien entre eux.
Ils vivaient sur
le Premier Monde. Son nom était Tokpela, Espace Infini.
Sa direction était l'Ouest, sa couleur le jaune, son minéral
l'or, ses éléments étaient Kato'ya, le Serpent-à-la-grosse-tète,
Wisiko, l'Oiseau-qui-mange-la-graisse, et Muha, la-Petite-plante-à-quatre-feuilles.
Dans ce monde, les Premiers Hommes allèrent selon leurs directions,
ils étaient heureux et purs…et se multiplièrent.
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Selon un récit algonquien |
En ce temps-là ...
Il n'y avait que de l'eau à perte de vue où voguait un
immense radeau. Y s'entassaient tous les animaux de la Terre, exaspérés.
Il y avait le grand lièvre qui détenait de merveilleux pouvoirs.
Pour remonter le moral des siens, il leur fit une promesse: «Si l'un
de vous trouve une grain de sable, je créerai une terre où
nous pourrons vivre à notre guise.»
Une terre? Tous se mirent à la recherche du précieux
grain, si petit fut-il. L'aigle tournoyait dans le ciel mais ne voyait
rien. Le castor, la loutre, le phoque, la baleine plongeaient
tout à tour dans les eaux profondes mais ils refaisaient vite surface,
épuisés. C'est alors que discrètement, un petit
rat d'eau s'élance à son tour et disparaît dans l'eau
noire. On attend en vain son retour...
Les jours, les nuits passent. Tous sont désespérés.
Soudain, le gros corbeau s'écrie, du haut de sa vigie : «Là-bas!
Là-bas! Le rat! Le rat!» On pouvait apercevoir au loin,
flottant sur le dos, le rat musqué, tout gonflé et gorgé
d'eau. Hissé à bord puis réanimé, les
animaux formant un cercle autour de lui, le lièvre scrute les pattes
fermées de l'animal. Il ne trouve rien dans la première,
ni dans la seconde, ni dans la troisième hélas ...
Au comble du désespoir, il ouvre la quatrième et
trouve entre les griffes une toute petite perle ovée et luisante
qu'il dépose dans le creux de sa
main chaude.
Doucement le vent se lève. Le lièvre balaie de
son souffle sacré la perle qui s'anime, s'arrondit, gonfle, gonfle
encore, crève puis éclôt. C'est alors que s'élèvent
des montagnes, se creusent des vallées, coulent des rivières,
se forment des lacs, surgissent les forêts.
Le radeau pénètre dans une grande baie d'eau salée
parsemée de plusieurs îles. Tous sont charmés devant
tant de beauté et de nouveauté. Le corbeau et
le renard, en tant qu'éclaireurs, explorent les lieux, l'un du haut
des airs et l'autre à ras le sol. À leur retour, ils
annoncent qu'il y a de la place pour tous. L'ours blanc se dirige
vers le Grand Nord, le castor construit des barrages sur les ruisseaux,
l'oiseau fait son nid dans les branches et les roseaux, le renard creuse
son terrier dans ce nouveau sol...
Par ailleurs, des animaux morts sur le radeau naissent les humains,
ceux du clan du loup, de la tortue, de l'ours ou du chevreuil...
Chacun choisit son milieu de vie. C'est depuis ce jour qu'il y a
une terre habitée par des animaux, des hommes et des femmes de différentes
races, vivant côte à côte, unis dans une parfaite harmonie.
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Selon une légende eskimo |
Au début des temps il n'y avait pas de différence entre
les hommes et les animaux.
Un homme pouvait se transformer en animal s'il le désirait et
un animal pouvait devenir un être humain.
Il n'y avait pas de différence. Les créatures étaient
parfois des animaux et parfois des hommes.
Tout le monde parlait une même langue.
En ce temps-là, les mots étaient magie et l'esprit possédait
des pouvoirs mystérieux.
Un mot prononcé au hasard pouvait avoir d'étranges conséquences.
Il devenait brusquement vivant et les désirs se réalisaient.
Il suffisait de les exprimer.
On ne peut donner d'explication.
C'était comme ça.
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Le mythe de la création des astres |
Suite à la création de la Grande Île sur le dos
de la Grande Tortue, les animaux, réunis en conseil, décidèrent
qu'il fallait plus de lumière. Ils chargèrent alors la Petite
Tortue de trouver une solution à ce problème de ténèbres.
Ingénieuse, la Petite Tortue saisit de grands éclairs et
elle fabriqua un grand feu qu'elle fixa dans le ciel. Ainsi fut créé
le Soleil. Rapidement, le conseil se rendit compte que toutes les parties
de la Grande Île n'étaient pas bien éclairées.
Après intense réflexion, le conseil décida de donner
un mouvement au Soleil. La Tortue des marais fut chargée de creuser
un trou de part en part de la Grande Île de façon à
ce que le Soleil puisse faire une rotation complète autour de la
Grande Île, donnant ainsi une alternance de lumière et de
noirceur. Ainsi furent créés le jour et la nuit.
Dans le but d'éviter une noirceur totale, lors de la rotation
du Soleil, la Petite Tortue fut mandatée de trouver un substitut
au Soleil afin d'éclairer la nuit. Elle créa donc la Lune
qui devint la douce compagne du Soleil. Le Soleil et la Lune eurent de
nombreux enfants, les Étoiles, qui sont dotés de vie et d'esprit
comme leurs parents. En souvenir de sa participation à la création
des astres, la Petite Tortue fut nommée gardienne du ciel.
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Peuplement du continent américain |
Selon les hommes de science, l'arrivée par vagues successives
de petits groupes de chasseurs nomades provenant des steppes de l'Asie,
serait à l'origine du peuplement du continent il y a environ 50
000 ans. S'appuyant sur les résultats de fouilles archéologiques,
on croit qu'une longue période de glaciation aurait permis la traversée
du détroit de Béring. Ce dernier étant peu profond
et la distance entre les 2 continents étant alors de 80 km, cette
hypothèse est plausible. De plus, le lit du Détroit
s'étant asséché, il offrait un large passage que les
ancêtres des Amérindiens auraient même emprunté
à pied sec.
Ces arrivants courageux, déterminés et persévérants
se sont laissés guider par les animaux qui leur ont en quelque sorte
montré la voie et dont ils se nourrissaient. Au cours des
millénaires, ils se sont aventurés toujours plus loin, peuplant
ainsi le territoire des Amériques.
Chaque peuple a adopté et perfectionné son mode de vie,
évoluant selon une étroite dépendance face à
l'environnement. Ces peuples ont pris racine à l'intérieur
des terres, en bordure des mers, sur les hauts plateaux, dans les vallées
ou les plaines.
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La légende de la création des oiseaux |
Il y a fort longtemps, il n'y avait pas d'oiseaux et très peu
d'animaux sur Terre. Pour jouer, les enfants n'avaient que des feuilles
et cela, pendant six longues lunes. À la septième lune, Ours
Blanc soufflait le froid sur les arbres et Loup Hurleur les dépouillait
de toutes leurs feuilles.
Les enfants ne pouvaient plus jouer. Lorsqu'ils sortaient de la hutte
à suer, après le jeûne rituel, ils ne voyaient plus
aucune jolie bête dont ils pouvaient prendre le nom. Car c'est la
façon de reconnaître nos petits, chacun portant le nom de
l'animal ou de l'objet qu'il voit le premier en sortant de la hutte à
suer.
Quand Ours Blanc et Loup Hurleur avaient passé, les enfants
restaient tristes pendant plusieurs soleils. Ils ne voulaient plus manger
leur sagamité. Un jour qu'elle regardait tomber les feuilles, une
petite fille s'adressa à Glouseclappe le grand esprit. Elle lui
dit:
" O toi qui as fait la terre, l'eau et les petits feux qui brillent
là-haut, fais autre chose si tu veux que les enfants rient et mangent
leur sagamité ".
Glouseclappe l'entendit. Le mois des fleurs venu, après que
Vent du Sud eut défait le travail de Ours Blanc, il ramassa les
feuilles tombées et souffla dessus. Des oiseaux de toutes les couleurs
s'envolèrent et se posèrent sur les arbres en chantant.
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La légende de la création de la rivière St-Maurice |
Comme c'était la coutume depuis fort longtemps, un très
vieil indien, sentant venir la fin de ses jours, décida d'aller
s'isoler dans la profondeur des bois. Là, dans la plus grande solitude,
il rencontrerait l'esprit de la mort. Il partit un matin, à la barre
du jour, dans son canot et atteignit, après une harassante journée,
le lieu qu'il avait lui-même choisi depuis longtemps. Lorsque la
nuit tomba, il s'enroula dans sa couverture et s'allongea devant le feu
qui accompagnerait son dernier repos. Soudain, il fut encerclé par
une meute de loups affamés qui attendaient que le feu se consume
pour dévorer le vieillard. Sous le coup de l'effroi, regrettant
ses forces perdues, il invoqua le mauvais manitou et lui offrit son esprit
en retour de sa jeunesse et de sa force.
" Très bien, dit le manitou du mal, je te redonnerai la vigueur
de tes 20 ans, mais tu devras tourner la pointe de ton canot vers le soleil
levant et pagayer à travers les terres qui s'ouvriront pour te laisser
passer. Lorsque tu atteindras le grand fleuve, tu mourras ".
Le vieil homme voyagea ainsi pendant deux lunes. Mais quand il vit
qu'il se rapprochait du fleuve, il commença à serpenter,
pensant ainsi prolonger sa vie. Dès qu'il atteignit le grand fleuve,
son canot chavira pourtant, emportant l'homme dans les profondeurs de l'onde.
Voilà pourquoi la rivière St-Maurice, dans la région
de la Mauricie, fait tant de détours avant de se jeter dans le fleuve
St.-Laurent.
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"Ces peuples que l'on dit sauvages" |
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