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Déclaration
Universelle
des
Droits de la Femme.
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Combat pour l'égalité homme femme.
Portrait de : Olympe de Gouges
1748 — 1793
L’émancipation d’une féministe
Née dans une famille modeste de la région de Montauban,
son père est boucher, sa mère servante, Marie Gouzes est
mariée à seize ans à un homme beaucoup plus âgé
qu’elle. Après la mort de son mari, peu après la naissance
de leurs fils, Marie transforme son nom en Olympe de Gouges et se refuse
à tout autre mariage. Elle part pour Paris, où elle choisit
de devenir femme de lettres. Dans les salons, elle rencontre les plus grands
noms de la littérature et de la philosophie. Elle décide
à son tour de prendre la plume.
" Une folle " dans la Révolution
Pendant cette période de crise que fut la Révolution
française, elle a tenté de faire admettre des revendications
progressistes, jugées souvent trop originales pour son temps.
Elle s’est ainsi battue pour des causes très diverses allant
de la libération des esclaves à la création d’un théâtre
national pour les femmes écrivains, pour la construction de maternités,
pour l'institution du divorce, pour les droits des enfants orphelins et
des mères célibataires...
L'histoire reconnaîtra son courage politique, perçu à
l'époque, comme hérétique.
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La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
En 1788, lors des Etats Généraux, Olympe de Gouges se
tourne vers la politique. Elle refuse que la Révolution se fasse
sans les femmes, pour lesquelles elle réclame l'égalité
des droits.
Elle écrit alors son œuvre la plus célèbre : la
Déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne, Aventureuse
pour son temps, elle plaide pour que les femmes participent à la
vie politique.
De la liberté intellectuelle à la guillotine
Ecrivant de nombreux articles, placards, pamphlets pour diffuser ses
idées égalitaires, Olympe de Gouges est vite rejetée
y compris des sphères intellectuelles qui l’avaient accueillie à
ses débuts, lorsqu’elle ne se préoccupait que de théâtre.
Dès lors qu’elle choisît d’avancer sur le terrain des idéaux
politiques, elle a été, parce que femme, poursuivie pour
ses écrits, ne parvenant ni à infléchir les réformes.
Elle sera guillotinée en 1793…
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Textes de référence
Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne,
écrite par Olympe de Gouges en 1791
Les droits de la femme …
par Marie Gouze, dite Olympe de Gouges
Homme, est-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en
fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi
? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force
? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la
nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et
donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique. Remonte aux
animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux,
jette enfin un coup d'œil sur toutes les modifications de la matière
organisée ; et rends-toi à l'évidence quand je t'en
offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes
dans l'administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus,
partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef
-d'œuvre immortel.
L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception. Bizarre,
aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré,
dans ce siècle lumières et de sagacité, dans l'ignorance
la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu
toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de
la révolution, et réclamer ses droits à l'égalité,
pour ne rien dire de plus.
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Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne
A décréter par l'assemblée nationale dans ses
dernières séances ou dans celle de la prochaine législature.
Préambule
Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la
nation, demandent d'être constituées en assemblée nationale.
Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits
de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption
des gouvernements, ont résolu d'exposer dans une déclaration
solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de
la femme, afin que cette déclaration, constamment présente
à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs
devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des
hommes pouvant être à chaque instant comparés avec
le but de toute institution politique, en soient plus respectés,
afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais
sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien
de la constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.
En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme
en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare,
en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les Droits
suivants de la Femme et de la Citoyenne.
Article premier.
La Femme naît libre et demeure égale à l'homme
en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées
que sur l'utilité commune.
II.
Le but de toute association politique est la imprescriptible de la
Femme et de l'Homme : ces droits sont la liberté, la propriété,
la sûreté, et surtout la résistance à l'oppression.
III.
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement
dans la Nation, qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme
: nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane
expressément.
IV.
La liberté et la justice consistent à rendre tout ce
qui appartient à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de
la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui
oppose ; ces bornes doivent être réformées par les
lois de la nature et de la raison.
V.
Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions
nuisibles à la société : tout ce qui n'est pas défendu
pas ces lois, sages et divines, ne peut être empêché,
et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent
pas.
VI.
La Loi doit être l'expression de la volonté générale
; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement ou
par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être
la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant
égaux à ses yeux, doivent être également admissibles
à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs
capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus
et de leurs talents.
VII.
Nulle femme n'est exceptée ; elle est accusée, arrêtée,
et détenue dans les cas déterminés par la Loi. Les
femmes obéissent comme les hommes à cette Loi rigoureuse.
VIII.
La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment
nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi
établie et promulguée antérieurement au délit
et légalement appliquée aux femmes.
IX.
Toute femme étant déclarée coupable ; toute rigueur
est exercée par la Loi.
X.
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes
fondamentales, la femme a le droit de
monter sur l 'échafaud ; elle doit avoir également celui
de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent
pas l'ordre public établi par la Loi.
XI.
La libre communication des pensées et des opinions est un des
droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté
assure la légitimité des pères envers les enfants.
Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d'un enfant
qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force
à dissimuler la vérité ; sauf à répondre
de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés
par la Loi.
XII.
La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nécessite
une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée
pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière
de celles à qui elle est confiée.
XIII.
Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses
d'administration, les contributions de la femme et de l'homme sont égales
; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches
pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution
des places, des emplois, des charges, des dignités et de l'industrie.
XIV.
Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes
ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution
publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par l'admission
d'un partage égal, non seulement dans la fortune, mais encore dans
l'administration publique, et de déterminer la quotité, l'assiette,
le recouvrement et la durée de l'impôts.
XV.
La masse des femmes, coalisée pour la contribution à
celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public,
de son administration.
XVI.
Toute société, dans laquelle la garantie des droits n'est
pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée,
n'a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majorité
des individus qui composent la Nation, n'a pas coopéré à
sa rédaction.
XVII.
Les propriétés sont à tous les sexes réunis
ou séparés ; elles ont pour chacun un droit lorsque la nécessité
publique, légalement constatée, l'exige évidemment,
et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.
POSTAMBULE.
Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre
dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature
n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de
superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a
dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme
esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes
pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne.
O femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont
les avantages que vous recueillis dans la révolution ? Un mépris
plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles
de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des
hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste t-il donc ? La
conviction des injustices de l'homme. La réclamation de votre patrimoine,
fondée sur les sages décrets de la nature ; qu'auriez-vous
à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du Législateur
des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français,
correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de
la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent
: femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez vous
à répondre. S'ils s'obstinent, dans leur faiblesse, à
mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes
; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions
de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards
de la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère,
et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants
à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors
de l'Etre Suprême. Quelles que soient les barrières que l'on
vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à
le vouloir. Passons maintenant à l'effroyable tableau de ce que
vous avez été dans la société ; et puisqu'il
est question, en ce moment, d'une éducation nationale, voyons si
nos sages Législateurs penseront sainement sur l'éducation
des femmes.
Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation
ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la
ruse leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources
de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait
pas. Le poison, le fer, tout leur était soumis ; elles commandaient
au crime comme à la vertu. Le gouvernement français, surtout,
a dépendu, pendant des siècles, de l'administration nocturne
des femmes ; le cabinet n'avait point de secret pour leur indiscrétion
; ambassade, commandement, ministère, présidence, pontificat,
cardinalat ; enfin tout ce qui caractérise la sottise des hommes,
profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité
et à l'ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté,
et depuis la révolution, respectable et méprisé
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Qu'en est-il aujourd'hui des Droits des Femmes ?
( Source : http://www.fraternet.com/human/ )
Régulièrement, encore de nos jours, des femmes sont assassinées
par leur mari pour désobeissance, entêtement ou infidélité.
Ces meurtres sont couverts et légitimés au nom d'un
"code d'honneur" proclamé par la gent masculine. En mai
1997, une chartre des Droits de la Femme a été présentée
à prés de 200 pays : 160 l'ont ratifiée, 3 l'ont signée
mais non ratifiée..
mais 30 l'ont rejetée dont la Malaysie, les Maldives, le Maroc,
la Tunisie, le Pakistan. Ils déclarent que cette chartre rentre
en conflit avec le droit national, coutumier ou religieux de leur pays.
Ils proclament l'infériorité de la femme au quotidien.
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